Florian S. m’avait proposé d’aller faire le Mont Rose en ski de randonnée avec lui et un ami. Le plan tombe à l’eau, et après moult tergiversations nous décidons que nous n’irons finalement ni faire du ski de randonnée, ni faire de l’alpinisme, mais optons pour un climb trip dans la Drôme. La formule ? Aucun plan précis, aucun hébergement, de l’improvisation tous les jours, avec comme seul objectif d’aller vers le sud et la Drôme.
Je fais des efforts pour finir tôt le boulot et nous partons de Paris jeudi soir vers 18h45. Apparemment nous ne sommes pas les seuls à vouloir profiter de ce week-end prolongé, si bien que nous n’atteignons Malherbes (proche de Fontainebleau) qu’à 22h30 ! Alors nous commençons à chercher et appeler les hôtels au bord de la route. Ils sont pleins, nous finissons dans un hotel Ibis budget vers minuit et quelques.
Montagne de Morettet / Combe d’Oyans
Nous reprenons la route et atteignons la commune de Rochefort Samson repérée par Florian. Nous négocions la voie de la journée et optons pour le chemin des dames:
L’approche est vraiment saisissante ; la nature très présente et bien verte. Le chemin nous mène au pied de la gorge.Au fond coule une petite rivière que nous remontons sur une centaine de mètres, et notre voie s’élance à droite.Nous enchainons assez rapidement, le niveau s’avère en fait assez faible. Un unique pas nous fait un peu plus réfléchir. Mais le lieu et la vue vaut la peine du déplacement.Nous ne sommes que deux cordées dans la gorge.Nous rejoignons le sommet, qui mène à une route au col, et revenons à la voiture par la route. Nous trouvons une maison d’hôte très sympa à Puy-Saint-Martin – le Bonheur de Provence – et allons diner dans le sympathique village de Saoû.
Notre parcours
Arête sud de l’Aiguille de la Tour
Aujourd’hui c’est le grand jour. A en croire le topo, une sacré aventure nous attend. Non pas pour les difficultés, mais pour l’envergure, le côté sauvage de la course, et surtout .. la non qualité du rocher, très fracturé :
L’approche est de l’ordre de 5 minutes depuis le parking, et nous voilà face à l’Aiguille de la Tour. Nous démarrons l’escalade, et sommes rapidement dans l’ambiance, car effectivement de nombreux morceaux de rocher dégringolent malgré toute l’attention que nous mettons à avoir un pas de félin. Des grimpeurs du dimanche, ou samedi plutôt, ont eu la bonne idée de venir grimper sans casque et il se trouve que notre voie va surplomber la leur. Alors pour ne pas avoir leur mort sur la conscience je me sens obligé de leur indiquer qu’il faudrait qu’ils mettent un casque et attends qu’ils ne soient plus dans l’axe.
Nos amis inconscients s’étant écartés, nous poursuivons et arrivons à une sorte de petit col. D’autres grimpeurs attaquent une ligne à notre gauche. Florian poursuit en tête, et déstabilise un énorme bloc en le saisissant. C’est une météorite qui vient s’écraser et éclater sur le plat non loin de moi. Heureusement je me protégeais en restant très proche de la paroi. La cordée à notre gauche décide que le niveau d’escalade est sous coté et que le rocher est trop péteux, ils font demi tour. Nous poursuivons et la vue sur Saoû, son rocher surplombant et les environs est très belle.
A quelques mètre en contre bas du jardin suspendu, nous arrivons vers 15h sur ce qui constituera, pour nous, le crux de la voie. Voilà le topo: Au dessus de notre relai chainé, situé au sommet d’une petite pointe de rocher, on accède à une petite plateforme. Jusque là et haut dessus, nous ne trouvons aucune possibilité de poser une protection, et il faudra donc s’en remettre au piton en place mais qui ne nous inspire pas confiance car il est mal positionné et pourrait ne pas tenir sur une chute. Florian ne trouve pas le pas et surtout hésite à s’engager. Et moi je n’ai pas un bon niveau d’escalade faute d’entrainement en ce moment. Alors on reste là un bon moment à se demander comment passer. Et sans avoir envie d’abandonner si près de ce jardin qui nous nargue en haut. Florian m’invite à venir voir si je ne trouve pas une façon de franchir ou une prise ou qu’il aurait raté, ce que je fais et hourra je découvre une main qu’il n’avait pas vue. Alors il s’y lance et passe enfin. Il est maintenant 16h45, oui vraiment.
Depuis le jardin suspendu, qui est donc une zone un peu plus plate sur laquelle repose de la végétation, nous entamons les trois dernières longueurs en traversée ascendantes jusqu’à rejoindre le fil de l’arête à 19h.
Je ne dirais pas que c’est fait exprès mais en tout cas la vue est d’autant plus belle avec cette lumière de fin de journée. Nous devons maintenant atteindre le prochain col, visible entre les deux sommets à droite sur cette photo. Et ce n’est pas aussi simple qu’il y parait.
Contre toute attente, ce qui va nous poser souci maintenant, c’est la végétation qui est ici reine. La sente décrite dans le topo ne semble plus exister, ou tout du moins nous ne la verrons jamais. Alors nous devons nous frayer un chemin et c’est très dense, il y a beaucoup de bois mort, et des saloperies de buissons qui piquent à travers nos pantalons. Bref, on galère pour évoluer et rejoindre le point de départ des rappels à 19h30.
A la descente en rappel je découvre des choses étonnantes à la descente, comme ce “magnifique” relai constitué d’une multitude d’arbustes morts.
La suite est du même acabit, car chaque relai sur lequel nous arrivons inspire la méfiance et engage à être vérifié et renforcé. La dernière longueur de descente a lieu sur une paroi recouverte de lierre, et nous dépose sur les pentes dans la forêt. Il nous aura fallu quand même une heure pour faire les trois rappels sur relais pourris. Nous rejoignons sans souci la voiture, et allons rejoindre mon ami Jérôme B. qui nous a proposé de dormir chez lui et avec qui nous prévoyons d’aller grimper demain.
Notre parcours
Cocktail de Vitamines
La météo annonce de la pluie en milieu de journée, alors nous optons pour une voie facile d’accès et de moyenne ampleur:
Nous faisons la première longueur par Vitamine A (5c) puis rejoignons les longueurs de Vitamine C (6a). C’est Jérôme qui est aux commandes et Florian et moi lui laissons tout passer en tête. La troisième longueur est nettement la plus belle, constituée d’un dièdre un peu physique – pour moi en tout cas – que je vais passer sans jamais tirer au clou :)
La fin nous ramène au pied du crux où nous avions bloqué Florian et moi la veille.
De la haut, la vue est toujours aussi belle, et nous constatons que la météo disait vrai: il va bientôt pleuvoir.
Nous enchainons les rappels tandis que l’orage gronde et sommes à la voiture avant que les premières gouttes ne tombent.
Mardi
En ce mardi matin nous constatons que Météo France ne s’est pas trompé, et il pleut à verse. Florian et moi décidons de rentrer directement à Paris.
Quelle belle vue et quelle verdure! Vraiment de belles photos.
Quel filou ce rocher qui reste dans les mains histoire de faire grimper la difficulté, on le voit bien sur la photo qu’il perd plein de morceaux, impossible d’anticiper ;)