Quelques semaines auparavant survenait un tragique accident en Suisse, dans le couloir du Gardien au Grand Combin. Parmi les nombreuses victimes se trouvait Annelise, membre très active du club alpin français avec laquelle sandrine et moi avions fait quelques sorties y compris hors club.
Un article parlant de l’accident ici
La faute à pas de chance, une chute de serac. Et pour le coup, le réchaufement climatique n’est pour rien dans cette affaire. L’épée de damocles du risque qui nous menace tous lors de la pratique de notre passion.
Alors voilà un week-end bien atypique : j’ai pris la relève sur une sortie qui avait été prévue et organisée par annelise, avec Alex comme co-encadrant. Nos participants du week-end sont très débutants sur ce type de terrain, globalement plutôt des profils ‘grimpeurs’ : Nelly, Bruno, Alexandre, Olivier.
Montée en refuge
Les chauffeurs de notre car n’étant manifestement pas très doués pour l’orientation, même avec un GPS, ils se perdent trois fois, nous font faire de grands détours, tant et si bien que nous arrivons sur le site du départ avec beaucoup de retard. La journée débute alors par une longue montée, annoncée en 4h30:
Le soleil tape très fort toute la journée et la végétation est la bienvenue pour s’abriter parfois.
A mi parcours nous découvrons de beaux panoramas, il y a une belle concentration de sommets et glaciers.
Le refuge, ou la cabane comme ils disent, est enfin en vue. Les derniers du groupe auront mis 5h30.
Des glaciers et des sommets sur une vue a 180°, ce refuge se mérite mais vaut vraiment détour.
Le groupe va explorer les alentours avec l’intention de grimper peut-être. Mais il est déjà tard et ils ne feront finalement rien sinon l’approche. Pour ma part, je suis hors service, et un gros mal de crane en fin de journée me fait penser que j’ai attrapé une insolation. Ma petite sieste est la bienvenue pour me donner toutes les chances d’assurer le lendemain, et elle ne sera pas de trop. Je passe une très mauvaise nuit, le mal de crane ne passe pas malgré des médicaments.
Notre parcours
- Dénivelé (m) : +1200 -30
- Distance (km) : 11
- Altitudes (m) : mini 1670, maxi 2886
- Horaires : départ 9h20, arrivée 15h
La traversée Besso – Blanc de Moming
Cela nous semblait être l’une des grandes attractions du coin, et avions peur d’être trop nombreux sur l’arête, mais finalement tous les autres groupes – et nous sommes nombreux au refuge ! – choisissent des courses variées aux alentours, nous serons seuls toute la journée.
Après un lever à 4h, départ vers moins dix, notre itinéraire démarre par un retour en arrière sur le chemin d’approche au refuge, puis nous remontons tout le bassin en visant assez simplement le sommet clairement visible et identifiable.
Olivier qui n’avait pas la forme hier – il apprendra après le weeek-end qu’il avait en fait attrapé le covid – s’est quand même élancé avec nous et c’est tant mieux, il assurera. Le rythme à la montée est moyen mais constant.
Le départ de la voie et des difficultés s’identifie facilement avec le marquage rouge. Dans la face elle même, nous perdons un peu le fil de la voie, le souci étant que ce n’est pas grimpant et que ça passe partout. Nous retrouvons un marquage rouge, hésitons et le suivons, ce qui nous amène sous le sommet. Raté, nous comprenons que nous venons de prendre une voie de descente, et avons évité le début de l’arête.
Une partie du groupe reste sous le sommet et se repose, je monte rapidement avec quelques autres au sommet du Besso et sa croix.
Nous apercevons le bout d’arête d’où nous aurions dû arriver, depuis une voie dans la face à gauche sur la photo.
Le sommet atteint, nous faisons demi tour pour aller retrouver nos camarades.
Nous attaquons alors le plat de résistance : l’arête entre Besso et le Blanc de Moming. Ca promet d’être long.
C’est d’un niveau très modéré, mais pour la plupart qui sont plus grimpeurs qu’alpinistes, l’enjeu résidera dans la rapidité d’exécution car la journée va être longue.
Nous admirons au passage l’autre versant, côté nord / est.
Sur l’arête, quelques passages sympathiques un peu plus grimpants, mais rien qui vaille de sortir les chaussons pour ceux qui les ont pris.
Ça passe parfois à plusieurs endroits, et avec ma cordée je m’efforce de toujours rester sur le fil de l’arête et ne pas trop contourner, ils apprécient. L’autre groupe, qui a parfois pris du retard, nous rattrape en évitant quelques gendarmes.
Nous gérons presque tout à corde tendue, à l’exception de quelques passages plus exposés.
Nelly a le droit à quelques photos sympas au passage.
Nous arrivons en vue du Blanc de moming.
Alors il paraît qu’ici ça reste parfois en neige, mais pas pour nous vu les chaleurs. A mes yeux, l’arête finale ressemble à une immense vague rocheuse partant vers la droite, j’aime beaucoup son esthétique.
Les derniers mètres avant le second sommet, la deuxième équipe nous talonne.
Quelle vue sur le bassin ! Il est 12h15, et je nous ai donné l’objectif de rejoindre la cabane pour 15h. C’est limite mais ça pourrait encore passer. Elle est si loin qu’on ne saura la situer sur la photo qu’en sachant où elle est !
Nous entamons la descente pour rejoindre le glacier puis le dôme du Blanc de Moming.
Nous avons pris crampons et piolets, ce sera notre seule neige ou glace de tout le week-end.
Et débute alors une longue descente tout d’abord via des arêtes facile.
Le chemin se poursuit sur des passages astucieux.
15h moins presque rien, nous rejoignons la cabane, faisons une petite pause et les sacs avant d’entamer le redouté retour, par moi en tout cas.
La descente est certes belle, et heureusement cela n’est pas autant ensoleillé qu’à l’aller mais tout le monde s’accorde à dire .. que c’est interminable !
Et nous sommes de retour à Zinal vers .. 19h15.
Notre parcours
Course seule:
- Dénivelé (m) : +930 -930
- Distance (km) : 6,7
- Altitudes (m) : mini 2886, maxi 3669
- Horaires : départ 4h52, arrivée 14h58
Au total, avec la descente:
- Dénivelé (m) : +950 -2130
- Distance (km) : 17,7
- Horaires : départ 4h52, retour 19h15, durée : 14h20.
Quelques séracs des environs
J’ai évoqué l’accident d’annelise à mon entourage, et j’ai parfois à expliqué ce qu’est un sérac à des personnes ne pratiquant pas la montagne. Comme des images valent parfois mieux que des explications, voici quelques spécimens que nous avons rencontrés, mais loin de nous fort heureusement.
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