24 July 2020

Charmoz-Grepon, vol. 2

Charmoz-Grepon nous avait résisté l’an dernier, et malgré mon peu de sorties et d’entrainement, Florian a réussi à me convaincre que nous en étions capables. C’est vrai que nous avons bien tenu les horaires il y a deux semaines à l’Aiguille Savoie. Alors nous voici pour la revanche :

Nous nous retrouvons sur Lyon, et allons dormir dans un van à Chamonix jeudi soir. La météo n’est pas très encourageante mais comme il semble y avoir un créneau samedi et probablement dimanche, et faute de marge de manœuvre, nous décidons de poursuivre.

Approche et bivouac

Tandis que gronde l’orage, nous patientons au téléphérique du plan de l’Aiguille et profitons d’une petite accalmie pour nous élancer. D’autres fortes averses nous arrêtent dans notre élan et nous forcent à nous abriter tant bien que mal sous des rochers et y patienter, recroquevillés assez lamentablement, plus d’une heure et quelques.

En fin d’après midi nous posons enfin le bivouac sur un emplacement très confortable. Personne d’autre n’est monté ce soir, bizarrement. Nous apercevons de la neige sur notre objectif, et cela ce n’est pas très rassurant. Nous décidons de tenter le coup malgré tout. Mais pas complètement cons, nous envisageons le bivouac improvisé et prenons le minimum nécessaire: quelques graines en plus et nos grosses doudounes hivernales.

Au bivouac

Nous profitons du coucher de soleil pour un dernier coup d’œil sur notre objectif de demain et allons nous coucher.

Charmoz-Grepon : forme de M en haut à droite

Le jour le plus long

Levé à 4h et départ à 5h24 pour une très grosse journée qui débute par une remontée du glacier.

Nous prenons pied sur le Rognon et enchainons sur de l’escalade facile pour rejoindre la seconde partie du glacier.

Nous arrivons à la brèche de Chamoz Grepon à 7h15. En levant les yeux, la suite n’est pas très engageante. A partir de là la course devrait être du pur rocher, or les précipitations de la veille ont déposé une bonne couche de neige.

Cela va nettement nous compliquer la tâche : difficulté à trouver les prises, mains gelées et moins d’adhérence. Du coup nous tirons de nombreuses longueurs dans lesquelles nous aurions dû filer à corde tendue.

J’ai l’impression de vivre une ascension toute différente de l’an dernier, nous expérimentons de nouveaux passages.

Nous sommes attentifs à l’itinéraire, et pensons suivre scrupuleusement les indications, et tout semblait coller jusque là mais il faut se rendre maintenant à l’évidence. Nous avons trop dévié à droite dans la paroi, et devant nous se dresse une impasse. Alors on doit rebrousser chemin et se taper plusieurs rappels pour aller récupérer le bon itinéraire.

Et voilà, nous nous sommes trompés deux fois de suite, et réaliser la course dans la journée est probablement déjà compromis. Pourtant nous étions concentrés sachant que c’était où nous avions péché l’an dernier…

La vue depuis là-haut est probablement encore plus belle avec un peu de neige saupoudrée.

Nous arrivons enfin au pied de la fissure Burgener. Florian enfile les chaussons, et moi je garde les grosses chaussures d’alpinisme, je peux me le permettre en second. La neige a fondu et la cheminée est trempée, ce qui n’aide pas pour les adhérences.

Les fissures Burgener à venir

Nous atteignons enfin l’arête après presque dix heures d’ascension. Cela aurait dû nous prendre 2h. Nous découvrons alors le point de vue sur l’autre versant, certes un peu pris dans les nuages par endroits.

La grimpe sur l’arête est variée et ludique. Je suis toujours en grosses, ce qui ne me facilite pas la tâche. Par chance, la neige n’a pas tenu, et c’est même globalement sec, alors nous tenons les temps du topo.

Florian dans un passage de désescalade sur l’arête

Mais la neige nous a fait perdre trop de temps et il est déjà 20h15 quand nous atteignons un emplacement de bivouac au dessus de la brèche entre Charmoz et Grepon et décidons de nous arrêter là.

Nous enfilons toutes nos couches, et nous préparons à nous coucher pour une nuit malcommode.

Comme Chamonix et sa 4G sont visibles, nous en profitons pour un petit appel vidéo à quelques amis et à la famille et partageons avec eux ce magnifique coucher de soleil.

Nous découvrons une autre cordée à la descente tardive sur le Grepon, ils sont probablement sur la course Grepon : Mer de glace.

Nous recevons un appel de notre ami aspirant guide Yohann qui nous indique que les conditions ont changé et que du mauvais temps va débouler sur nous, que ce sera très venteux ce soir et même tempétueux demain, et qu’il ne faudrait pas rester. Il propose soit d’appeler l’hélicoptère de secours, ou si nous avons encore l’énergie suffisante, d’entamer la descente. Appeler les secours, il n’en est pas question, alors comme on a encore assez de lucidité et d’énergie, on décide .. de repartir.

Alors a 21h45 nous reprenons la descente, par le couloir entre Charmoz et Grepon. Nous l’avions déjà pris lors de notre réchappe de l’an dernier, mais cette année il est tout en neige. J’improvise de nombreux relais et tout se déroule bien sauf un rappel que je dois remonter décoincer.

Durant la descente, nous sommes illuminés par un faisceau lumineux vert provenant de Chamonix. Il nous vise très nettement sur notre pente de neige. Si quelqu’un a une idée de ce que cela pouvait être ?

Et nous décidons de nous arrêter vers 1h du matin sur un replat rocheux proche du glacier. Après une courte et très mauvaise nuit, nous repartons à 6h15h.

Tandis que nous prenons pied sur le glacier, nous voyons l’autre cordée ,qui avait bivouaqué vers le col, s’engager sur le haut du glacier des Nantillons.

Nous retrouvons notre tente, remballons le tout et rejoignons le plan de l’aiguille à 11h puis notre ami Yohann pour un copieux déjeuner sur Chamoniz

Notre parcours

  • Distance (km) :
  • Dénivelé (m) :
  • Altitudes (m) :
  • Horaires :

Et si c’était à refaire

En fait c’est déjà décidé, nous n’allons pas renoncer, et nous serons donc à l’attaque l’an prochain avec la ferme intention d’en découdre et vaincre cette course ! Dans un an :

  • nous serons encore plus attentif à l’itinéraire, à force on va connaître par cœur cette face et ses sans-issues :)
  • on prévoira plusieurs créneaux, et si jamais la météo n’est pas clémente .. on n’ira pas.

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